BME – Bulletin annuel de 2023 des activités sismiques en Haïti

L’Unité Technique de Sismologie (UTS) du Bureau des Mines et de l’Energie (BME), se fait encore le plaisir de vous présenter le bilan des activités sismiques observées en Haïti durant les douze (12) mois de l’année 2023. Les données qui y figurent, évidemment traitées et analysées, sont collectées à partir des réseaux sismologiques locaux (Ayiti-séismes et UTS) et régionaux (Cuba, Jamaïque et République Dominicaine). Ce bilan se présente comme suit : Quantité, magnitude et profondeur des séismes enregistrés

828 séismes ont été enregistrés au cours de l’année 2023, contrairement à l’année dernière qui en a connu 1451 en raison surtout des répliques continues observées dans la partie Ouest de la presqu’île du Sud, engendrées par le séisme majeur du 14 août 2021. Le Graphique 1 montre que la répartition mensuelle de ces séismes est très inégale et affiche une valeur moyenne de 69 séismes par mois. Il indique également que le nombre de séismes a été plus élevé au début de l’année en janvier et en février, alors que l’activité sismique s’est révélée moins intense en juillet et en août, contrairement à la croyance qui veut qu’elle paraisse plus élevée durant les mois les plus chauds de l’année.

La magnitude des 828 séismes enregistrés est comprise entre 0,6 et 5,5, ce qui qualifie les séismes observés de très mineurs à modérés. Les magnitudes inférieures ou égales à 3 sont au nombre de 729, ce qui représente 88 % des séismes de l’année.

Les 99 séismes restant (12 %) ont des magnitudes variant de 3,1 à 5,5, dont 89 de 3,1 à 3,9, 8 de 4 à 4,8 et 2 de 5,5. La plus grande magnitude pour l’année 2023 a été de 5,5 survenue en février à l’Ouest de Môle Saint Nicolas (Nord-Ouest) et en juin entre les villes d’Abricot et de Jérémie (Grand’Anse).

En mer, le nombre de séismes enregistrés pour l’année s’élève à environ 408, soit 49,3 %, avec une forte concentration au Nord de Jérémie et à l’Ouest de la presqu’île du Nord-Ouest. Les séismes survenus en mer sont susceptibles de provoquer des tsunamis lorsque les conditions sont réunies : magnitude supérieure à 6,5, profondeur inférieure à 50 km, failles en mer.

Les séismes survenus à une profondeur inférieure ou égale à 10 km sont au nombre de 443, soit 53,5 %. Ces séismes sont qualifiés de superficiels, car ils se produisent dans la partie la plus superficielle de la croûte terrestre, leur impact en surface est plus perceptible que les séismes localisés à une grande profondeur.

Les séismes enregistrés au cours de l’année 2023 sont répartis à travers les dix (10) départements géographiques du pays et montrent encore une inégale activité sismique par département.

Les Graphiques 2 et 4 indiquent une répartition géographique en deux périodes : la première va de Janvier à Juin et la seconde de Juillet à Décembre. Au cours de la première période, le nombre de séismes enregistré a été de 487, soit 58,8 %, avec en tête de liste, les départements de la Grand’Anse et des Nippes. Ce classement résulte des conséquences du séisme majeur de magnitude 7,2 survenu le 14 août 2021 avec son épicentre situé dans les Nippes et dont les répliques ont bouleversé la répartition de l’activité sismique des différents départements géographiques.

En comparant ce classement (Graphique 2) avec celui du 14 août au 31 décembre 2021 (Graphique 3), après le séisme majeur dans les Nippes, on constate peu de variation dans la répartition départementale des activités sismiques. Les départements les plus impactés ont été la Grand’Anse et les Nippes, tendance qui a persisté jusqu’en Juin 2023.

La seconde période a connu 341 séismes, soit 41,1 % et a montré un classement départemental décroissant allant du Nord-Ouest au Nord (Graphique 4).

En comparant les activités sismiques de ce classement (Graphique 4) avec celui observé entre le 1er janvier et le 13 août 2021 (Graphique 5), avant le séisme majeur, on constate encore très peu de variation dans les activités sismiques départementales qui montrent, dans les deux cas, une décroissance allant du Nord-Ouest au Centre, indiquant ainsi la fin probable des répliques et un retour aux activités sismiques d’avant le séisme du 14 août 2021.

Les courbes évolutives des séismes enregistrés dans les trois (3) départements les plus affectés par le séisme du 14 août 2021 sont indiquées ci-dessous pour la période allant du 14 août 2021 au 31 Décembre 2023.

L’analyse de ces courbes dénote une activité sismique caractérisée par une certaine variabilité incluant à la fois des répliques et des séismes sporadiques témoignant d’une intensification de l’activité sismique dans ces 3 départements. Rappelons que les répliques sont des séismes qui se produisent généralement après un tremblement de terre principal dans la zone épicentrale de ce dernier. Elles sont susceptibles de générer de fortes conséquences pour la population. De magnitude plus faible, elles s’expliquent par le fait que le choc principal provoque une modification du champ de contrainte régional en induisant des ruptures secondaires de moindre énergie. Autrement dit, les répliques sismiques sont de petites secousses résultant des ajustements effectués par la croûte terrestre autour de la faille où s’est produit le séisme principal. Ce phénomène est connu aussi sous le nom d’ISOSTASIE, c’est-à-dire la capacité qu’a la Terre à retrouver son équilibre lorsque ce dernier est rompu. Des lois en sismologie décrivent la décroissance de leur nombre au cours du temps.

Pendant la période allant du 14 août 2021 au 31 Décembre 2023, les stations sismiques ont enregistré pour les trois départements un total de 2915 séismes (Figure 2), assimilés pour la plupart à des répliques, de magnitude inférieure ou égale à 5,5. Le Tableau 5 montre la décroissance de ces activités sismiques dans les trois départements, affichant une nette diminution à partir du mois d’Août 2022.

Située sur la plaque caraïbe, la République d’Haïti peut être affectée par un séisme majeur, éventuellement associé à un tsunami proche, si l’événement est localisé à proximité des côtes haïtiennes, notamment dans les zones d’Oriente (Cuba), de Kingston (Jamaïque), de la côte Nord de la République Dominicaine et/ou de la frontière reliant les deux pays. Notons qu’Haïti peut être affectée également par des tsunamis lointains venant de l’arc antillais ou même de l’Europe.

Le 18 mai 2023, la République Dominicaine a enregistré un séisme de magnitude 4,9 localisé au Sud de Puerto Plata, soit à 123 km au Sud de Fort Liberté. Le 30 octobre 2023 un séisme de magnitude 5,8 est survenu à la Jamaïque au Nord de Kingston, soit à une distance de 237 km à l’Ouest de Tiburon en Haïti. Le 10 novembre 2023, une secousse de magnitude 5,1, a été localisée en République Dominicaine à 13 km au Sud–Est de Monte Christi et à 27 km à l’Est de Fort Liberté. Dans les trois cas précités, les secousses ont été ressenties en Haïti, créant des paniques, malgré leurs magnitudes modérées, notamment dans la zone frontalière Nord, dans le Sud et la Grand’Anse. Une magnitude supérieure ou égale à 6 hors d’Haïti, ne manquera pas de causer dans le pays des dégâts matériels et des pertes en vies humaines, en raison de notre très grande vulnérabilité.

Voir les graphiques et les figures ici

Campagne de sensibilisation sur le risque sismique : Mwen sonje, mwen aprann

Plus de 200.000 personnes ont été sensibilisées sur le risque sismique à travers un concours de vidéographie sur les réseaux sociaux notamment sur la page Facebook de l’AGERCA.

La compréhension des concepts de la Gestion des Risques de Désastre (GRD) est un atout pour toute société confrontée à des risques majeurs ; un point commun en termes d’exposition aux risques et de réponse. L’AGERCA comprenant le degré de vulnérabilité de la population par rapport au manque d’information sur les risques majeurs, a mis en place une stratégie de sensibilisation participative avec la communauté dans le but d’atteindre un maximum de personnes à travers différentes activités (formations, articles, vidéos, campagne de sensibilisation, ect…). Ainsi, pour pérenniser le travail, l’AGERCA a organisé un concours de sensibilisation sur le thème « MW SONJE, MW APRANN » dans le but de renforcer la vulgarisation des consignes de sécurité sur la menace du ” tremblement de terre “.

Ce concours a mobilisé la participation d’environ une centaine de jeunes et d’adultes répartis.es sur tout le territoire national. Les participants.es ont démontré une motivation débordante pour prendre part à cette initiative, afin de contribuer à la sensibilisation de leur communauté respective sur le risque sismique auquel tout le pays est exposé.

Godson Séphirin : “ Se pa prim yo ki enterese m, men se eksplike moun yo kòman pou yo pwoteje tèt yo kont tranbleman tè a

Deux méthodes de sélection des gagnants.es ont été sélectionnées : l’une basée sur le vote populaire à travers la page Facebook de l’AGERCA et l’autre sur l’analyse des membres d’un jury prédisposé à ce fait.

Les participants.es ont mobilisé des milliers de personnes sur les réseaux sociaux. À noter que le vote populaire a été basé sur la quantité de personnes touchées par chaque vidéo sur la page Facebook de l’AGERCA. Par conséquent, ces quelques milliers de personnes ont spontanément été sensibilisées sur les consignes de sécurité à respecter avant, pendant et après un tremblement de terre. En termes de résultats, toutes les 65 vidéos sélectionnées pour la deuxième étape ont été postées sur la page Facebook de l’AGERCA. Ces vidéos ont pu toucher plus de 200.000 personnes.

Le concours s’est terminé par des décisions qui ont permis à l’organisation de sélectionner trois (3) gagnants.es pour chacune des deux catégories. Selon les membres du jury, le choix des gagnants.es a été très difficile vu que les vidéos étaient très intéressantes les unes autant que les autres.

Mikson Antoine : “ Sa ki te pi enpòtan nan konkou a, se sansibilize anpil moun sou malè pandye tranbleman tè ki sou do tout peyi a

Gagnantes pour la catégorie – Analyse jury :

Premier prix : Samuella Compère
Deuxième prix :  Stivensia Saintilet
Troisième prix : Béon Alicia Yonise

Gagnants.es pour la catégorie – Vote populaire sur Facebook :

Premier prix : Godson Sephirin
Deuxième prix : Kerline Céus
Troisième prix : Sherly Aubin

Des primes de compensation ont été remises aux gagnants.es du concours et un certificat de participation à tous.tes les 65 participants.es qui ont été sélectionnés.es pour la deuxième phase de triage du concours.

L’AGERCA remercie tous les partenaires qui ont rendu le concours possible, soit en apportant leur soutien à travers des primes, soit en faisant partie des membres du jury, dont la tâche n’a pas été facile. L’organisation en profite pour remercier tous.tes les participants.es qui se sont donnés.es au maximum en rendant l’activité attrayante et réussie. Le travail se poursuivra en réorientant les étapes de l’approche à travers un autre concours sur un autre risque majeur.

Communiqué de presse – Exercice de simulation dans l’Artibonite

L’Unité des Exercices (U-SIMEX) de la direction générale de la Protection civile (DGPC) avec l’appui du Programme des Nations unies pour développement (PNUD), à travers le projet de Renforcement de capacités pour la prévention des risques (CREWS-Haïti), et du Programme alimentaire mondiale (PAM), organise un exercice de simulation dans le but de tester la capacité de réponse des institutions communales et locales face à une situation de tremblement de terre suivi d’un tsunami et évaluer les compétences des services d’urgence dans les communes des Gonaïves, d’Anse-Rouge, de Gros-Morne et Terre-Neuve.

Cet exercice de simulation fonctionnel aura lieu le vendredi 19 mai 2023, et impliquera des équipes de secours, des pompiers, des forces de l’ordre et d’autres services de secours locaux dans les communes mentionnées plus haut.

Le scénario de l’exercice prévoit un tremblement de terre majeur, enregistré au nord de l’île d’Haïti sur la faille Nord Hispaniola, d’une magnitude 8.7 sur l’échelle de Richter. Ce séisme provoquera une alerte rouge de tsunami notamment pour l’île d’Haïti, Turks et Caicos et le Sud-Est de Cuba. Pendant la gestion de l’événement, la situation météorologique risque de se dégrader. À noter que ce scénario reflète la réalité du séisme suivi d’un tsunami du 7 Mai 1842 et celui du 21 Août 2021.

En termes de résultats attendus, les équipes de secours doivent démontrer leurs capacités à travailler ensemble pour évaluer les dégâts, rechercher des survivants et fournir une assistance médicale d’urgence aux personnes affectées.

Cet exercice de simulation est une occasion pour la DGPC de tester ses plans d’urgence et ses procédures en cas de catastrophe naturelle, en collaboration avec les services de secours locaux. Il permettra également d’identifier les forces et les faiblesses de la réponse de la protection civile et d’améliorer les plans et les procédures pour mieux préparer la population à faire face à de tels événements.

Nous encourageons la population à prendre connaissance de cet exercice de simulation afin de se préparer davantage face au risque sismique et tsunami. Nous rappelons l’importance de disposer d’un kit d’urgence, de connaître les plans d’évacuation et de suivre les instructions des autorités en cas de catastrophe naturelle.

La DGPC remercie ses différents partenaires et les autorités communales et locales tout en invitant tout un chacun à travailler ensemble pour assurer la sûreté et la sécurité de tout le monde en cas de tremblement de terre et de tsunami.

Contact :
Madame Berla Severin
Unité de communication de la protection civile Haiti
Telephone : +5093921 2020
Courriel :
berla.severin@protectioncivile.gouv.ht

Source Protection civile : cliquez-ici

Haïti a déjà vécu plusieurs vagues de tsunami au cours des 190 dernières années

Pour vous donner une petite piqûre de rappel, un tsunami est une série de vagues qui sort au fond de l’océan pour envahir la terre ferme.

Il y a plusieurs causes qui peuvent déclencher un tsunami :

  • Un séisme sous-marin de magnitude minimale 6.5 et de profondeur maximale 50 km ;
  • Un volcan sous-marin ;
  • Une météorite qui tombe dans la mer.

Toutes ces situations peuvent provoquer des vagues de tsunamis.

La région caribéenne a déjà subi plusieurs vagues de tsunami, soit au moins 75 au cours des 500 dernières années avec un bilan de plus de 3.000 morts.

Pour sa part, Haïti a déjà subi plusieurs vagues de tsunami. Par exemple, le tsunami qui a tué 300 personnes dans le nord faisait suite au tremblement de terre du 7 mai 1842. Suite au tremblement de terre du 12 Janvier 2010, un tsunami a été déclaré dans l’ouest notamment à Leogane et a fait 7 morts. (Source : SEMANAH, UNESCO)

Haïti est un pays où tous ces 10 départements, sauf le centre, sont exposés au risque tsunami car il y a au moins une ville de ces départements qui s’expose à la mer. En plus, ce pays est traversé par la grande faille maritime septentrionale, notamment au niveau des départements du Nord’Est, du Nord et du Nord’Ouest. Cela augmente le niveau de matérialisation de cette menace.

Parmi toutes les villes côtières d’Haïti, il y a seulement Fort-Liberté dans le département du Nord’Est, qui est une ville prête au tsunami. Cette reconnaissance n’est pas donnée gratuitement. Il y a un ensemble d’indicateurs et des procédures à respecter pour être reconnu comme une ville prête au tsunami.

Fort-Liberté est une ville côtière située au Nord-Est de l’île d’Haïti et qui compte environ 20 000 habitants. Cette ville a été sévèrement touchée par le tsunami de 1842 mentionné plus haut. C’est une très bonne stratégie de renforcer la capacité de préparation de cette ville par cette initiative qui a pour but de la rendre prête au tsunami (Tsunami ready community).

L’exposition d’Haïti face au risque de tsunami est naturelle car c’est un pays situé au bord de la mer avec plus de 1700 km de côte. Par conséquent, ce pays est déjà une victime de tsunami, il pourra encore affecter si toutes les conditions sont réunies.

Au final, l’AGERCA invite les entreprises, les Organisations de la Société Civile (OSC) et toute la population de manière générale, à agir de manière responsable en respectant les consignes de sécurité pour faire face au tsunami. De son côté, l’AGERCA va continuer à sensibiliser la population haïtienne par rapport à ce grand danger auquel le pays est exposé.

Rappel des consignes de sécurité face au tsunami ici

Bureau des Mines et de l’Energie (BME) – Bulletin sismique pour le mois de Décembre 2020

Le bilan sismique du mois de Décembre 2020, basé sur les événements enregistrés par les réseaux sismologiques nationaux et régionaux (Ayiti-séismes, UTS-BME, RD-OSPL-Loyola), se présente comme suit :

  • 27 séismes de magnitudes comprises entre 1,4 et 3,7 ont été enregistrés sur l’ensemble du territoire national au cours du mois de décembre 2020, ces séismes sont qualifiés de très mineurs à mineurs ;
  • Par rapport au mois de novembre 2020 durant lequel 60 séismes ont été notés, le mois de décembre (27 séismes) a connu une diminution de l’ordre de 55 % ;
  • Les 3 départements géographiques les plus sollicités par les petits séismes du mois de décembre sont :
  1. l’Ouest avec 9 séismes sur 27, soit 33,3 % ;
  2. le Nord-Ouest avec 6 séismes sur 27, soit 22,2 % ;
  3. le Sud-Est avec 5 séismes sur 27, soit 18,5 % ;

Soit un total de 20 séismes sur 27 pour les trois départements, ce qui représente 74 % des séismes enregistrés pour le mois.

  • Près d’une douzaine de séismes (44,4 %) se sont produits en mer, ce qui a présenté un risque de tsunami si les conditions étaient remplies ;
  • Les séismes du mois de décembre 2020 se sont produits, pour la plupart, à des profondeurs variant entre 0 et 25 km, donc des séismes peu profonds ;
  • Durant l’année 2020 (de janvier à décembre), les réseaux sismologiques de surveillance ont pu enregistrer 499 petits séismes sur le territoire national dont 168, (33,7 %), sont survenus dans le département du Nord-Ouest et 130, (26 %), dans le département du Sud-Est.