Les besoins alimentaires en Haïti sont de plus en plus précaires. La situation socio-politique du pays entraine un niveau d’insécurité incontrôlable qui affecte principalement les voies de communication routière ne permettant pas l’obtention de certaines denrées au niveau des marchés. Au niveau des récoltes, les agriculteurs ne possédant pas un système de conservation, se trouvent dans l’obligation d’observer leurs récoltes avariées dans les jardins. Cela provoque une baisse excessive au niveau de la production nationale haïtienne.
L’insécurité alimentaire continue de s’aggraver en Haïti. Selon le dernier rapport de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA), il y a environ 4,7 millions de personnes qui se trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire. Ce qui représente près de la moitié de la population haïtienne qui est estimée à plus de 12 millions d’habitants selon les dernières estimations de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI). Parmi les personnes affectées, 19.000 se trouvent dans une situation de catastrophe, considéré comme la dernière phase (Phase 5) du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire.
On peut citer notamment quelques causes de l’aggravation de cette situation :
- Violence des gangs armés
- Infrastructures routières très limitées
- Faible production agricole
- Choc économique
- Séisme du 14 août 2021 dans le Sud du pays
La CNSA classifie par zone de priorité les villes touchées par l’insécurité alimentaire dans le but d’orienter les acteurs humanitaires vers les cas les plus urgents.
Zones de priorité 1 – Il s’agit de zones classées en situation d’urgence ayant plus de 50% de la population en phase 3 ou plus selon le cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire. Quelques villes concernées: Haut-Plateau ; Cité-Soleil ; Grand-Anse (rural) ; Anse à Veau ; Miragoâne ; Petite Rivière des Nippes ; Arnaud ; Petit Trou des Nippes ; Ennery ; Gros-Morne ; Marmelade ; Saint-Michel de l’Attalaye ; La Tortue ; Anse-à-Foleur ; Chansolme ; Port-de-Paix ; Saint-Louis du Nord ; La Gonave ; Arniquet, Chardonnières, Coteaux, Ile à Vache, Les Anglais, Port à Piment, Port Salut, Roche à Bateau, Saint-Jean du Sud, Tiburon …
Zones de priorité 2 – Il s’agit de zones classées en situation d’urgence ayant moins de 50% de la population en phase 3 ou plus. Les zones concernées sont les quartiers les plus démunis de Port-au-Prince et de Croix-des-Bouquets ; Belle-Anse ; Grand-Gosier, Thiotte …
Les ménages de ces zones ont subi une perte extrême des avoirs relatifs aux moyens de subsistance notamment au niveau de la consommation alimentaire à court terme, ce qui augmente le taux de malnutrition aiguë. En termes de support, moins de 700,000 personnes représentant 7% de la population analysée ont pu bénéficier d’une assistance alimentaire d’urgence sous forme de ration ou de transfert monétaire.
La CNSA recommande donc trois phases d’action :
- Interventions d’urgence pour toucher les ménages dans les zones classées en phase 4 de l’IPC ainsi que ceux en situation de catastrophe (phase 5) ;
- Appui aux moyens d’existence pour accompagner les populations affectées afin de reconstruire et de développer leurs moyens d’existence en leur offrant des intrants agricoles et des crédits ;
- Articulation entre l’urgence et le développement dans le but d’avoir des effets plus durables lors des interventions humanitaires pendant cette situation de crise.
En somme, ces 4,7 Millions de personnes ont un grand besoin d’assistance humanitaire. Toutes les couches sociales de la population Haïtienne peuvent apporter leur contribution notamment le secteur privé des affaires et la société civile. En ce sens, l’AGERCA encourage la coordination avec les partenaires nationaux dans l’objectif de faire des interventions et continuer à supporter au fur et à mesure ces personnes affectées tout en mettant en évidence les impacts à long terme.