Bureau des Mines et de l’Energie (BME) – Bulletin annuel de 2021 des activités sismiques en Haïti

Le bilan sismique de l’année se présente comme suit :

1647 secousses sismiques de magnitudes comprises entre 1,0 et 7,2 considérées comme très mineures à majeures, ont été enregistrées sur l’ensemble du territoire national entre janvier et décembre 2021. Par rapport à l’année 2020, qui a connu 499 séismes de magnitudes comprises entre 1,0 et 4,9 qualifiées de très mineures à légères, l’année 2021 a enregistré une augmentation de 1148 séismes, soit une hausse de 230 %.

Cette augmentation est due au séisme majeur de magnitude 7,2 sur l’échelle de Richter survenu le samedi 14 août 2021 dans le département des Nippes à 8h29’07’’, heure locale. Selon les premiers calculs, l’épicentre de cet événement a été localisé sur le système de failles Enriquillo Plantain Garden à 18,49o de latitude nord et -73,59o de longitude ouest, à une profondeur de 10 km. Ce séisme s’est produit plus précisément dans la commune des Baradères à 12 km de Saint-Louis du Sud, 6 km de L’Asile et 10 km de Petit Trou de Nippes. D’après les résultats préliminaires, le séisme s’est produit en deux temps : un premier segment s’est rompu entre les communes de L’Asile et de Baradères en relâchant l’essentiel de l’énergie, 40 % plus importante qu’en 2010 ; la rupture s’est ensuite propagée vers l’ouest dans la zone du Pic Macaya – Maniche – Camp-Perrin en devenant plus superficielle. Le séisme a rompu un segment de faille d’environ 50 km de longueur (de L’Asile à l’est, au Pic Macaya à l’ouest). Le glissement moyen sur la faille est d’environ 2 mètres (Calais et al.)

L’enregistrement des séismes mensuels au cours de l’année 2021 montre deux périodes. La première s’étend du 1er janvier au 13 août, au cours de laquelle 280 séismes (17 %) ont été enregistrés et la seconde va du 14 août au 31 décembre qui a connu 1367 séismes (83 %), ce qui a donné le total de 1647 séismes pour l’année.

Si on considère les séismes enregistrés par département géographique, on constate que durant la première période, du 1er janvier au 13 août 2021, les départements les plus sismiquement sollicités ne diffèrent pas trop de ceux observés en 2020. En effet, le Nord-ouest, le Sud-est et l’Ouest ont toujours conservé leur grande activité sismique sur le territoire tandis que la Grand’Anse, le Nord-est et le Centre se sont encore révélés de moindre activité.

Durant la seconde période allant du 14 août au 31 décembre 2021, la situation a drastiquement changé depuis le séisme du samedi 14 août dans les Nippes. En effet, les trois départements les plus touchés par ce séisme, à savoir, les Nippes, la Grand’Anse et le Sud ont occupé la tête du classement pendant les cinq derniers mois de l’année 2021. Cette situation est fort compréhensible pour les Nippes où l’épicentre du séisme de magnitude 7,2 a été localisé et autour duquel on s’attendait à avoir des répliques. De plus, quelques heures après le choc, les calculs de mouvements du sol ont montré que la secousse a été violente dans une région s’étendant de la commune des Cayes à celle de L’Asile et sur toute la largeur de la Péninsule Sud. Plus de 900 répliques ont été enregistrées par la suite dont 400 de magnitude supérieure à 3 susceptibles de causer des dégâts aux bâtiments et de provoquer des mouvements de terrain. Les parties montagneuses des communes dont Corail, Pestel, Cam-Perrin, Maniche, Torbeck, Asile, Arnaud, ont été les plus touchées. Après le choc, les répliques se sont étendues sur 80 km de longueur dans la direction est-ouest dans la Péninsule du Sud et semblent correspondre aux deux plans de rupture mentionnés.

Le séisme du 14 août a, paraît-il, entraîné une crise sismique dans la Grand’Anse qui a enregistré 396 secousses du 14 août au 31 décembre et dont certains épicentres se situent en mer autour de la faille Nord-Grand’Anse-Nippes mise en évidence en 2017 par le « projet de cartographie multirisques de la Grand’Anse » du MPCE mise en oeuvre par le PNUD. Cette faille de 220 km de long a un potentiel sismique de 7,2 d’après les études du PNUD, elle est distante d’une quinzaine de km au nord de la ville de Jérémie, elle a été peut être activée par le séisme du 14 août et on continue à enregistrer des secousses dans la Grand’Anse au début de l’année 2022, ce qui ferait craindre un séisme majeur sur cette faille suivi de tsunami qui seraient néfastes pour la côte nord de la presqu’île du Sud.

En conclusion, dans un intervalle de onze ans (2010-2021), Haïti a été frappée en deux fois par des séismes majeurs de magnitude 7 et 7,2, respectivement celui du 12 janvier 2010 et celui du 14 août 2021. Dans les deux cas, il y a eu des dommages énormes, des pertes en vies humaines et économiques considérables. Face à ces catastrophes récurrentes, Il est plus que temps de disposer d’un plan de réduction du risque sismique en Haïti à l’échelle nationale, car l’aléa est national, et de pratiquer de manière continue la prévention, unique moyen de réduire la vulnérabilité de la population aux effets des aléas sismiques imprédictibles. Aussi, nous lançons un appel à nos chers compatriotes pour leur demander de prendre davantage conscience de ce phénomène naturel, de « Travailler sans relâche à la sauvegarde de l’environnement de leur pays et de s’efforcer toujours de le placer sur la voie de la sécurité sismique en pensant à de meilleures constructions et en appliquant les consignes de la Protection Civile ».

One thought on “Bureau des Mines et de l’Energie (BME) – Bulletin annuel de 2021 des activités sismiques en Haïti

  1. Mirode SAINT JUSTE Reply

    Comment vous allez mettre un PPR sans avoir eu un POS et Un PLU.
    Un POS a été réalisé avant 2010 pour tout pays et 2012, nous avions fait une mise à jour seulement pour la zone métropolitaine car Haiti est résumée en République de Port-au-Prince .
    Il faut résoudre le problème en amont par la réduction de la vulnérabilité de la population Haïtienne face aux risques majeurs pas seulement aux risques sismiques.
    Je pense que les collectivités territoriales n’ont pas pris en compte les risques majeurs dans la construction des batis.
    Je me demande est ce que MICT, Md’E existent?
    Si oui, Quelles sont ses contributions pour le développement d’Haïti?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *