Dans l’organigramme du Système National de Gestion des Risques de Désastre (SNGRD), les mairies sont considérées comme les responsables de la protection civile au niveau de la commune. Au sein de certaines communes du pays, il existe une structure qui s’appelle Comité Communal de Protection Civile (CCPC). Ce comité est composé des maires et de représentants d’institutions déconcentrées et des citoyens bénévoles. Ils sont les premiers à intervenir au niveau de la commune, avec l’appui des brigadiers volontaires, dans la prévention et la Gestion des Risques de Désastre en raison de leur proximité avec la population. Pour aller plus loin, il existe au niveau des sections communales des Comités Locaux de Protection Civile (CLPC) gérés par les représentants et représentantes de la localité.
Dans le cadre de la Gestion des Risques de Désastre (GRD), les mairies ont un rôle crucial depuis la phase de prévention, jusqu’aux phases de réponse et rétablissement. Parmi ces rôles, on trouve ceux de :
Prévenir et préparer contre toutes sortes de menaces
Pour éviter une situation de catastrophe dans une commune, il faut travailler en amont pour prévenir et se préparer contre toutes les sortes de menaces, avec la mise en place de tous les dispositifs nécessaires pour assurer la protection de la population au niveau de la commune.
En termes de prévention contre les risques, notamment contre le risque sismique, lors des constructions, la mairie détient la responsabilité de délivrer un permis de construction et elle doit aussi s’assurer que la construction est conforme aux normes de construction et que le terrain n’est pas localisé dans une zone à risque. La délivrance du permis de construction permettrait à la mairie d’avoir le contrôle des bâtiments construits pour éviter toutes sortes de construction anarchique qui écroulerait suite à une petite secousse sismique de magnitude 5 ou 6 sur l’échelle de Richter. Cette intervention en amont pourrait avoir un impact considérable dans la réduction des dégâts causés par les séismes au niveau des communes.
Les données de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) révèlent qu’en 2015, le nombre de ménages pour la ville de Port-au-Prince était de 210 782, soit plus d’un million de personnes. De 2015 à 2019, les chantiers se sont multipliés. La mairie au niveau de cette commune ne dispose d’aucun chiffre sur les nouvelles maisons construites ou sur la quantité de permis délivrés durant ces quatre années. Ce manque de contrôle dans les constructions augmente le niveau de vulnérabilité de la ville face aux risques de désastre.
Pour le risque d’incendie dans une commune, la mairie doit disposer au moins d’un corps de pompiers digne de son nom pour intervenir en cas d’incendie. En Haïti, on peut compter sur les doigts le nombre de commune qui dispose d’un corps de pompiers.
Informer et sensibiliser les populations contre les menaces
Rendre accessible les informations sur les menaces auxquelles une commune est exposée, fait partie du rôle d’une mairie. De ce fait, la mise en place de l’outil DICRIM (Dossier d’Information Communal sur les Risques Naturels Majeurs) revêt une importance capitale. Le DICRIM a pour but d’informer la population sur les risques existants au niveau de la commune et les moyens de s’en protéger pour éviter d’être victime.
Assister et rétablir les populations touchées par une menace
Comme susmentionné, les responsables communaux sont les premiers à intervenir pour assister une population affectée par une menace car la premiere réponse est d’abord locale. Dans le cas où la situation dépasse les capacités des responsables communaux, ils peuvent demander de l’aide au niveau départemental et même au niveau central mais la coordination communale de l’assistance humanitaire doit être assurée par les responsables communaux.
En conclusion, le niveau de la vulnérabilité de la population de toutes les communes en Haïti se dégrade de jour en jour. Si les responsables communaux jouaient leur rôle de manière efficace et efficiente avec le moyen dont ils disposent, le pays pourrait être plus résilient face aux risques de catastrophe.
Cette question de la responsabilité des mairies par rapport à la GRD est pluridimensionnelle. Une premiere est d’ordre budgetaire et politique de gouvernabilité. Souvent les mairies n’ont pas les moyens financiers, materiels et les ressources huamines qualifiees pour repondre à cette responsabilité. En plus, le modele de gouvernance fait chaque mairie fonctionne en fonction des directives du cartel elu non en fonction d’un plan de developpement.
Une autre dimension est d’odre culturelle et sociologique. Comment empecher à haitien ou haitienne de construire sa maison dans une zone à risque quant avoir une maison est un indicateur de reussite et d’independance, mais non un espace securitaire. En Haiti, il est difficile de convaincre quelqu’un que construire une maison est d’abord une question d’avoir une espace de vie securitaire.
Comme je dis tantot, la GRD comme domaine transversale trouvera son sens quand il existera des plans d’amenagement du territoire, des plans d’urbanisation, des etudes de carthographie des aleas, accès au travail et systeme de justice.